Actualités

Des métiers d’art ou de l’artisanat ?

Depuis quelques années, l'horlogerie de luxe se gargarise de parvenir à réunir l'extrême précision et les « métiers d'art ». Emaillage par-ci, guillochage par-là, tout en passant par la glyptique, le lapidage ou la sertissure. Ces métiers méritent-ils toujours leur qualification emphatique ou - pour un grand nombre d'entre eux - ne sont-ils que de l'artisanat ?
  •  
    Sur ce modèle Sky Moon Tourbillon, Patek Philippe allie les plus hautes complications à deux techniques ancestrales de décoration des garde-temps : la gravure et l’émaillage. Deux métiers de haut artisanat intimement liés à l’horlogerie depuis le début de la tradition genevoise, à la fin du 16ème siècle. Photo Patek Philippe
  •  
    Le sertissage est certes un métier d'art lorsqu'il est porté à son excellence .... Pas n'importe comment ni n'importe où ni n'importe quand ! Photo VC&A;
  •  
    Né au 16ème siècle, le métier de guillocheur s’est répandu dans l’horlogerie tout au long du 19ème siècle. Les machines-outils à guillocher ne sont plus fabriquées depuis longtemps, elles survivent grâce au savoir-faire entretenu par quelques manufactures, comme Vacheron Constantin où l’art du guillochage bat son plein de créativité. Photo : Vacheron Constantin
Par : Catherine de Vincenti
Publié dans : WtheJournal.com
20.02.2014

A l'heure de la globalisation et du mélange des genres, les horlogers, comme les couturiers ou les grands cuisiniers, se sont un peu égarés sur des chemins mal fréquentés. Vous souvenez-vous du choc du SIHH 2009 ?  Ralph Lauren était catapulté, d'un coup d'un seul, dans la cour des Grands et son stand ouvrait le salon. Il ne suffit pas d'avoir gagné énormément d'argent avec des polos de coton copiés sur la célèbre marque « au crocodile » et de bénéficier du savoir-faire du groupe Richemont pour devenir un « grand » horloger.  Mais cela n'a étonné que les puristes ! Grâce au marketing, beaucoup d'acheteurs croient dur comme fer que « Dolce & Gabana » est une marque de luxe...

Le mélange de l'art et de la technique


Parce qu'une certaine « haute horlogerie » n'est peut-être pas assez technique pour attirer les clients les plus riches, elle souligne la moindre finition décorative pour ajouter quelques dizaines de milliers de francs à ses rouages. Les premiers artisans qui ont associé l'art et la maîtrise technique, ce sont les horlogers des siècles précédents. Le squelettage d'un mouvement, la gravure et la ciselure des platines et des ponts, le perlage, le soleillage, le colimaçonnage, le guillochage, notamment, sont des décorations indissociables de l'horlogerie de qualité. Durant des siècles, ces gestes furent exécutés à la main ou à l'aide de tours manuels, comme cela peut encore se faire aujourd'hui. C'est à Genève que la technique de la miniature sur émail s'est perfectionnée jusqu'au grand art et s'est affichée sur les montres de poches de qualité. Il n'y a là rien de bien nouveau sous le soleil.

Marketing et artisanat


Après l'avènement de la Swatch, une montre qui se fait « toute seule », horlogers et clients ont ressenti le besoin de remettre au premier plan le travail de l'artisan (une « personne, souvent un indépendant, qui pratique un métier manuel selon des normes traditionnelles et valorise un savoir-faire spécifique »). Mais il ne suffit pas de graver en relief une petite fleur à cinq pétales sur un cadran en nacre pour être glypticien(*) !

Le retour des Métiers d'Art


On peut remercier aujourd'hui de prestigieuses signatures comme Vacheron Constantin ou Patek Philippe, non pas de remettre au goût du jour les métiers d'Art qu'elles n'ont jamais cessé de pratiquer, mais de faire sortir leurs « mains d'or » (dixit Van Cleef & Arpels) des fabriques pour faire admirer leur  virtuosité et leur talent. La reconnaissance du public est essentielle afin que se  perpétuent des métiers d'artisanat qui se meurent.  Ainsi le gouvernement français récompense-t-il chaque année des artisans de génie avec le titre de Maître d'Art, professionnel d'excellence qui maîtrise des techniques et des savoir-faire exceptionnels. Il doit être capable de transmettre ses connaissances et son tour de main à un élève afin qu'il les maintienne.

C'est l'excellence qui fait la différence


Emailler correctement un cadran sans y ajouter la poésie et le défi technique qui caractérisent Van Cleef & Arpels, graver à la machine l'intérieur d'une montre plutôt qu’à la main, réussir moins bien un guillochage main qu'un guillochage machine, sertir une lunette de façon à ce que les griffes n'usent pas le rebord de la chemise… ou mille autres gestes indispensables témoins d’un certain niveau de savoir-faire. Ces détails sont bien souvent ce qui permet de distinguer certains horlogers des imposteurs…

(*) Le glypticien sculpte divers matériaux nobles et fabrique des sceaux, cachets ou camées. La glyptique, parfois appelée « gravure en pierre fine », est née à Sumer (en Mésopotamie) il y a 5’000 ans.

Plus d’informations sur http://www.cartier.fr/la-maison/savoir-faire/joaillerie/lart-de-la-glyptique

Nos marques partenaires
RESTEZ CONNECTÉS À WTHEJOURNAL
APP ANDROID, IPHONE ET IPAD
CONSULTEZ L'ACTUALITÉ HORLOGÈRE EN CONTINU!
Catégories
Archives
Collaborations