« En gagnant 5% ici, 10% là, tout le projet devient rentable »,  Edouard Meylan, CEO H. Moser & Cie

Comment décririez-vous H. Moser & Cie aujourd’hui ?

Je dirais tout d’abord que H. Moser & Cie est la plus petite des marques horlogères de manufacture. Puis j’ajouterais que cette marque a un passé très entrepreneurial. Enfin, je terminerais en disant qu’elle a la chance de posséder sa propre manufacture et de pouvoir produire elle-même ses spiraux et organes réglants. H. Moser & Cie produit des montres très élégantes, à la fois ingénieuses dans leurs fonctions et sexy dans leurs formes très arrondies.

En quoi H. Moser & Cie est-elle différente des autres marques de haute horlogerie ?

Son histoire est riche, ceux qui m’ont précédé à la tête de l’entreprise ont réalisé de grandes choses et ont lancé des produits exceptionnels. Mais parfois sans penser aux coûts de revient ni au prix de vente. Les produits H. Moser & Cie sont différents des autres, que ce soit en termes de finitions, d’ingéniosité ou de détails à tous les niveaux. A nous maintenant en tant que nouvelle équipe dirigeante de poursuivre cela. Chez H. Moser & Cie, nous avons une approche fonctionnelle au niveau du mouvement. Nous pourrions également l’appliquer au niveau de la boîte et des matériaux qui la composent, par exemple en utilisant du titane ou d’autres matériaux qui apportent une résistance ou une légèreté plus grandes. Ces matériaux ne sont pas que l’apanage des marques orientées montres de sport.

Une marque comme H. Moser & Cie se doit-elle de prendre des risques pour exister ?

Il faut d’abord savoir où l’on va. Ensuite, naturellement, il faut prendre quelques risques. Nous devons faire évoluer la façon dont nos produits sont perçus. Ils ne sont pas que classiques et certainement pas uniquement destinés aux collectionneurs ! Tout en gardant notre image de marque avec des finitions très traditionnelles, nous devons faire comprendre aux clients que la Moser Perpetual 1, soit notre Quantième perpétuel, n’est pas une montre classique, c’est une montre de tous les jours avec une touche sexy tout en subtilité. Nous en ferons la démonstration à Baselworld 2014 au travers d’une pièce spéciale qui sera un électrochoc cherchant à changer la perception. Nos produits sont intemporels et conviennent tant aux personnes de 25 ans qu’à celles de 65 ans.

Quelles sont les priorités pour H. Moser & Cie aujourd’hui ?

Premièrement, se faire connaître plus et mieux. Nous avons des produits magnifiques, un bon réseau de distribution, mais la marque n’est pas assez connue. Je veux que nous touchions plus de clients, nous devons dépasser le cercle des collectionneurs. Ainsi, de 1000 pièces par année actuellement, H. Moser & Cie entend passer à 3000 pièces par an à l’horizon 2017.

Et quelle est votre deuxième priorité ?

Gagner en efficacité, notamment au niveau du montage des calibres. Dernièrement, nous sommes parvenus à améliorer sensiblement l’ingénierie de notre mouvement avec petite seconde. De 14 types de vis différents, nous sommes passés à deux seulement. Les horlogers assembleront ce calibre plus rapidement. C’est un simple exemple, mais c’est en menant ce travail de rationalisation à différents niveaux de l’entreprise que nous parviendrons à la rentabilité. En gagnant 5% ici, 10% là, c’est tout le projet qui devient rentable, alors qu’il ne l’était pas du tout auparavant. A ce jour, nous avons six mouvements manufacture. Nous allons les retravailler et leur appliquer la même logique qu’à notre calibre petite seconde.

Comment allez-vous vous y prendre pour gagner en reconnaissance et en notoriété ?

En étant créatifs et en nous appuyant sur des partenariats forts. De plus, nous nous focalisons actuellement en publicité sur nos marchés les plus porteurs ou les plus sujets à se développer, à savoir la Grande Chine et, côté européen, la Suisse et l’Allemagne. Plus tard ce sera l’Angleterre et la Russie, où la dimension historique est importante pour nous, car l’histoire de H. Moser & Cie a débuté à St-Pétersbourg en 1828. Mais ce n’est évidemment pas qu’une nouvelle campagne de publicité avec un nouveau logo, il s’agit d’une campagne holistique cherchant à communiquer un message clair et simple à 360°. Nous avons ainsi également développé un nouveau site internet, de nouveaux displays, un nouveau catalogue, de nouveaux éléments pour nos points de vente. Nous avons fait le tour du monde ces deux derniers mois pour rencontrer nos partenaires et leur communiquer notre nouvelle approche globale. C’est un marathon, mais nous sentons déjà les premiers frétillements et c’est réjouissant !

Quelle est la pièce qui vous fascine le plus dans l’offre actuelle de H. Moser & Cie ?

Sans hésitation, la Moser Perpetual 1. Avec son quantième perpétuel, son saut instantané de la date et son affichage de la réserve de marche, elle est d’une lisibilité et d’une sobriété extraordinaires. On peut changer la date en avant ou en arrière sans rien perturber. Les clients sont souvent surpris de sa très grande simplicité d’utilisation. Pour un tel produit, c’est très rare.

Le prochain Baselworld est encore loin… Donnez-nous envie !

H. Moser & Cie va présenter à Bâle une nouvelle collection, avec une nouvelle boîte et pour certaines versions, un nouveau mouvement. Globalement, 2013 était une année de transition, H. Moser & Cie s’est faite discrète, l’année prochaine devrait être très intéressante et si tout se passe bien, en 2015 nous devrions être rentables. Ce qui nous permettra de réinvestir et de croître encore pour atteindre notre objectif de 3000 pièces en 2017.

Propos recueillis par Michel Jeannot